Je vous ai présenté la semaine dernière son roman de SF Quitter les monts d’Automne que j’ai trouvé particulièrement bien écrit. Aujourd’hui, il est temps de laisser la parole à Émilie Querbalec, pour en apprendre plus sur son parcours, la genèse de son livre et ses projets !
1. Bonjour, Émilie ! Merci d’avoir accepté de répondre à mes questions ! 🙂
Est-ce que tu peux te présenter rapidement pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Bonjour Anaïs, c’est moi qui te remercie. Alors une brève présentation : je suis une autrice revenue à l’écriture après pas mal d’années et moult passions autres que l’écriture. J’ai commencé par affûter ma plume sur de courts textes fantastiques, puis je me suis aventurée dans les genres de la science-fiction et un peu de la fantasy. Ces nouvelles ont été publiées sur différents supports, fanzine ou anthologies depuis 2014, et cela m’a donné envie d’aller plus loin. Mon premier roman a paru en mai 2018 chez Nats Editions, et le second, en septembre 2020 chez Albin Michel Imaginaire.
2. Peux-tu nous raconter la genèse de ton dernier roman, Quitter les monts d’Automne ?
J’avais cette idée qui flottait dans ma tête, celle d’une transmission matrilinéaire d’une mémoire commune, un héritage qui se serait retrouvé dans un univers situé très loin dans le futur. L’histoire a émergé petit à petit, après des mois de ruminations et de rêveries. La documentation a joué un rôle assez important, et tout a fini par s’articuler autour de la notion d’écriture, de secret, d’information cachée et de cryptographie.
3. Tu t’es beaucoup inspirée du Japon pour construire l’univers initial de Quitter les monts d’Automne. Pourquoi ce choix ?
On dit souvent que l’on écrit le livre que l’on aimerait lire. Je crois que j’avais besoin de me plonger dans un univers en lien avec ma part japonaise, de recréer un lieu que j’avais perdu. Ce roman est né pendant une période où je souffrais de ne pas pouvoir renouer avec le Japon et ma famille là-bas. Alors j’ai imaginé ce monde qui n’est certes pas le Japon, mais qui en est inspiré – Japon médiéval, Japon fantasmé, Japon nourri de mes lectures et visionnages, ou de ma propre expérience… J’ai puisé aussi mon inspiration des travaux d’une enseignante et chercheuse française, Jacqueline Pigeot, qui a beaucoup étudié l’âge d’or de la littérature féminine à l’époque de Heian, c’est-à-dire l’époque où a été rédigé le Dit du Genji – dont l’autrice est une femme. Partant de là, je m’étais dit qu’il serait amusant d’investir le genre du space opera en racontant toute une histoire d’un point de vue uniquement féminin, avec une narration à la première personne du féminin.
4. On sent qu’il y a pas mal de recherches derrière les aspects scientifiques du récit. Comment procèdes-tu pour traiter ces thématiques et les intégrer à ton histoire ?
J’essaye de me documenter au maximum, et j’ai eu la chance de pouvoir échanger avec des spécialistes qui m’ont aidée à affiner certains aspects scientifiques et technologiques de l’histoire. Un expert en sécurité informatique m’a conseillée, par exemple, pour poser le problème de l’information cachée en m’appuyant sur une technique de chiffrement appelée « OTP » ou « masque jetable ». Bien sûr les fantaisies présentes dans le roman ne relèvent que de mon imagination et ne les engagent en rien !
5. Ton style est très travaillé, d’une grande richesse, et on y sent une forme de recherche esthétique. Comment l’as-tu construit ?
J’écris et je réécris sans cesse, mon « premier jet » est rarement satisfaisant. Mais c’est vrai, probablement, qu’on essaye d’imiter ou de s’inspirer d’œuvres dont on apprécie le style. Pour ce roman en particulier, j’avais le style sobre et sensible de l’auteur anglais d’origine japonaise Kazuo Ishiguro, dont j’admire la capacité à suggérer les émotions sans les décrire. J’en suis très, très loin évidemment, mais c’est pour moi un modèle.
6. Ton précédent et premier roman, Les oubliés d’Ushtâr paru chez Nats Editions, était un roman de fantasy et Quitter les monts d’Automne relève, quant à lui, de la SF. Qu’est-ce qui t’attire dans les littératures de l’imaginaire ?
Je crois que ce qui m’attire plus que tout dans les littératures de l’imaginaire, c’est le sense of wonder, cet émerveillement que l’on ressent à plonger dans des univers oniriques, féériques, magiques ou lointains. Un certain vertige, en fait.
7. De quelle manière travailles-tu ? Es-tu plutôt du genre à écrire sans plan ou avec un synopsis entièrement détaillé ?
J’ai toujours une idée en tête, mais elle s’affine au fur et à mesure que l’histoire pousse, de manière organique. Je rédige le synopsis au fur et à mesure pour m’aider à garder la cohérence de l’ensemble et ne pas partir dans tous les sens, mais pas systématiquement. Les choses s’agencent surtout dans l’inconscient, et je suis incapable de faire un plan et un séquencier, ça a même tendance à tuer mon envie. Donc je fais des va-et-vient entre l’écriture spontanée, et des moments de réflexion où je prends un peu de recul pour considérer l’histoire d’un point de vue plus analytique. Souvent, ça m’oblige à rembobiner et réécrire.
8. Quel est le plus beau compliment que tu ais reçu de la part d’un lecteur ou d’une lectrice ? Et quelle est la critique la plus intéressante qu’on t’ait faite ?
Je suis attentive aux réactions des lecteurs et des lectrices. Une fois, une chroniqueuse a dit avoir pleuré à la fin du roman, et ça m’a infiniment touchée. Les critiques me font réfléchir en général. Parfois, on sent bien que ce n’est pas le bon livre pour la bonne personne, alors ça n’avance pas à grand-chose. Mais sinon, il y a toujours une leçon à en tirer.
9. Quels sont tes projets littéraires ?
J’ai deux-trois nouvelles qui devraient paraitre avant la fin de l’année, et je viens de mettre la dernière touche au manuscrit d’un roman de science-fiction, dont j’espère pouvoir parler bientôt. Et là, présentement, je vais faire une petite pause bienvenue d’écriture pendant l’été… avec un cahier à portée de main !
10. Et une dernière question : quelle est ta devise en tant qu’autrice ?
Mille fois sur le métier… bref du travail, beaucoup de travail, de la lecture et encore de la lecture. Mais le plus important, je crois, c’est de faire (et donc d’écrire) quelque chose qui a un sens pour soi.
Merci beaucoup de ta participation !
Merci, Anaïs 😊
Plus d’infos sur : http://emilie-querbalec.com
Retrouvez également l’autrice sur Twitter : @EmilieQuerbalec
Instagram : @emilie_querbalec
Et Facebook : https://www.facebook.com/emilie.querbalec