Si vous avez lu mes livres, vous savez que j’aime me baser sur des légendes ou des mythologies pour construire mes histoires. C’est particulièrement vrai dans ma série de romans fantastiques Le Peuple Invisible, pour laquelle je puise allègrement dans les mythes et contes alsaciens. Ainsi, L’eau du Léthé, non content de faire référence dans son titre à un des fleuves de l’Enfer antique, parle de golem, d’ondines filles du Rhin, de fantôme, de lac souterrain sous la cathédrale de Strasbourg… Il en sera de même dans le tome 2, La nuit des sorcières, à paraître à la fin de l’année et je souhaite vous parler aujourd’hui d’une des légendes que j’y évoque, celle de La jeune fille à la tête de mort.
Cette histoire daterait du début du XIXe siècle et prend place dans un des bâtiments célèbres de Strasbourg : l’hôtel de la Maison Rouge, situé sur la place Kléber. Après avoir brièvement accueilli Napoléon Bonaparte en 1797, l’établissement sera transformé en palace à la fin du XIXe siècle, puis sera détruit dans les années 70 pour en faire un complexe commercial dont l’architecture assez particulière n’a jamais remporté l’adhésion des Strasbourgeois. A titre personnel, je trouve moi aussi ce bâtiment vraiment très laid et beaucoup trop daté (en terme d’esthétique, les années 70 n’ont pas ma faveur…). D’ailleurs, à l’heure où j’écris ces lignes, des travaux sont en cours pour en moderniser l’aspect. Nous verrons prochainement si le résultat sera plus probant… Mais revenons-en à notre légende.
L’histoire raconte que dans les années 1800, une jeune femme descendit à l’hôtel de la Maison Rouge, alors un des établissements les plus réputés de la ville. Elle était vêtue avec beaucoup d’élégance et accompagnée d’une importante suite de domestiques. Toutefois elle restait très mystérieuse, car nul parmi les employés de l’hôtel n’avait réussi à apercevoir son visage, qu’elle gardait toujours dissimulé derrière une voilette. Un drôle de parfum flottait également dans ses appartements, même si peu de gens étaient autorisés à y entrer.
Très vite, la rumeur courut que l’intriguante jeune femme était à la recherche d’un époux, avec lequel partager son importante fortune. Inutile de dire que les prétendants affluèrent, prêts à tout pour séduire l’héritière célibataire ! Et pourtant, tous ceux qui la rencontraient, du plus cupide au plus brave, finissaient par s’enfuir sans demander leur reste et, bien sûr, sans formuler de demande en mariage !
Une fois remis de leurs émotions, ces messieurs partagèrent leur terrible expérience : lorsque la jeune fille soulevait son voile, ce n’était pas un doux visage que l’on voyait apparaître, mais bien une terrible tête de mort qui exhalait une atroce odeur de décomposition ! Aucun des prétendants n’avait eu le courage de rester en présence d’un tel monstre et encore moins de l’épouser ! Et la malheureuse jeune fille à la tête de mort resta donc célibataire. C’est en 1851 qu’elle serait descendue pour la dernière fois à l’hôtel de la Maison Rouge, toujours en quête d’un mari, avant de disparaître pour de bon.
Pour de bon ? Du moins jusqu’à ce que les personnages de La nuit des sorcières viennent à sa rencontre… 😉
Connaissiez-vous cette histoire ou peut-être certaines de ses variantes ? N’hésitez pas à partager en commentaire ! 🙂