Mon rituel d’écriture

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(c) Image par DarkmoonArt_de de Pixabay

Certains auteurs semblent avoir un rituel bien précis pour se mettre en « état d’écriture », alors que d’autres écrivent n’importe où, dans n’importe quelles circonstances. De mon côté, j’appartiens plutôt à la première catégorie.

Je ne fais pas partie de ces gens qui vont pouvoir écrire dans un café, dans le train, dans le métro… J’ai besoin de calme, de confort et d’un environnement où je me sens suffisamment tranquille pour pouvoir m’abstraire de la réalité. A l’extérieur, une part de moi est toujours en alerte, je me laisse distraire très facilement et mon cerveau n’est jamais totalement relâché. Il me faut donc un lieu familier et paisible, de préférence mon bureau où chaque chose est à sa place et où rien ne vient heurter mon attention.

De plus, beaucoup de mes livres nécessitent des recherches et une importante prise de notes. Mon PC ne me suffit pas pour écrire, il me faut mes livres de référence, mes brouillons, un accès Internet pour des recherches ponctuelles, du papier et un stylo pour griffonner quand je coince sur un point de l’histoire, éventuellement de la musique, à boire… J’ai besoin de pouvoir m’étaler et visualiser rapidement mes notes. Et hors de question d’écrire sur mon lit ou mon canapé, mon dos ne serait pas d’accord ! Je travaille donc assise à ma table, avec mes documents autour de moi, comme n’importe qui faisant un job de bureau.

J’aime avoir autour de moi ce qui va faire la matière de mon livre, principalement des documents historiques ces derniers temps, mais aussi les notes que je prends au fur et à mesure que je construis l’histoire et les personnages. Je sais qu’il existe des tas de logiciels pour créer ses fiches personnages, sa chronologie, ses cartes en fantasy, etc. Je fonctionne encore avec le bon vieux stylo-papier. Il n’y a guère que pour les chronologies complexes que j’utilise un tableau Excel, plus facile à modifier.

J’ai besoin de cette matérialité et l’écriture manuelle m’oblige à une lenteur qui m’aide à stabiliser mes pensées. Il m’arrive également de prendre des notes en vrac dans Word, mais ce sont souvent des documents que je finis par imprimer pour pouvoir les étaler sous mes yeux. Le papier est le meilleur moyen pour moi de mémoriser mes notes, mes idées, mes développements et d’avoir mon livre entièrement dans ma tête (et non dans un logiciel). C’est pour moi une technique essentielle pour toujours garder une vision globale et éviter notamment les incohérences. C’est aussi comme ça que j’arrive à faire jaillir de nouvelles idées quand je coince sur quelque chose, en réfléchissant par écrit.

En cette période un peu compliquée, je partage mon bureau avec mon compagnon qui est en télétravail, mais en temps ordinaire, j’aime être seule pour écrire. Toujours pour la même raison : éviter les distractions. Rien de pire que d’être immergée dans une scène et de devoir en sortir parce que quelqu’un me parle de tout autre chose ! Il suffit de deux-trois interruptions comme ça pour que ça devienne très difficile pour moi de me concentrer à nouveau. J’ai vraiment besoin d’être dans ma bulle pour que les mots coulent facilement.

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(c) Image par Ylanite Koppens de Pixabay

On a souvent cette image des écrivains qui carburent au café, au thé, aux cigarettes, voire à l’alcool… Je n’en fais pas partie. ^^ Il m’arrive parfois de boire une tisane devant mon écran, mais en général je me contente d’un verre d’eau. Et même si j’adore manger, je ne grignote pas non plus. L’écriture est pour moi associée à quelque chose de purement mental et tout ce que je demande à mon corps pendant ce temps, c’est de se faire oublier (c’est d’ailleurs aussi pour ça que je lui fournis un espace confortable). Je ne fais pas non plus de yoga ou d’exercices de respiration avant de commencer, je m’y mets et puis c’est tout. ^^

Une fois que je suis dans un bon environnement se pose la question de la musique. J’en ai déjà parlé dans un autre article, donc je ne vais pas trop développer ici. Il m’arrive très souvent de travailler dans le silence. Je ne fais appel à la musique que dans deux cas : si je manque de motivation et que je n’arrive vraiment pas à me concentrer ; si je n’arrive pas à rentrer dans une scène et que j’ai besoin d’en recréer l’ambiance dans mon esprit. La musique peut être pour moi une aide et un stimulant, mais elle n’est pas indispensable à ma pratique de l’écriture.

En général, je ne commence pas un texte sans avoir en tête au minimum les premiers chapitres, ainsi que la fin (mieux vaut savoir où on va quand on se lance !). Pour mes livres plus complexes, comme L’eau du Léthé avec ses deux histoires parallèles, j’ai même souvent le synopsis complet avant le début de la rédaction. Bien sûr, ce synopsis va subir de nombreuses modifications en cours de route, mais je ne commence pas sans un minimum de trame. Et j’ai quelques infos de base sur chaque personnage, même si je les laisse souvent s’étoffer au fur et à mesure.

Au moment de commencer ma session d’écriture du jour, je vais donc relire ce synopsis et ces notes ou, si le livre est déjà en cours, je vais relire une dizaine de pages en arrière, généralement ce que j’ai écrit lors de ma précédente session d’écriture, voire un peu plus. Cela me permet à la fois de revoir mon texte et de faire une première correction, mais aussi de me remettre parfaitement dedans, de me replonger dans l’ambiance et de reprendre le fil pour éviter les incohérences. Parfois c’est très facile de poursuivre, parfois c’est laborieux et je suis obligée de me prendre par la main, voire de me botter le train. ^^

Mais le plus dur est toujours le démarrage, une fois la machine enclenchée, ça marche généralement tout seul, sauf si je dois résoudre un nœud de l’histoire, ce qui m’oblige à mettre le texte de côté un moment pour réfléchir. Je mène généralement cette réflexion par écrit, en notant tout ce qui me passe par la tête jusqu’à ce qu’émerge une solution cohérente et satisfaisante. Là aussi, parfois la solution surgit d’un coup, logique, et parfois je dois tourner autour un bon moment avant de trouver sous quel angle aborder les choses pour que ça marche.

Je ne me fixe pas de durée de travail minimum ou de nombre de mots quotidien. Quand j’écris à temps plein comme en ce moment, j’aménage mon planning en fonction de mes autres obligations (alimenter le blog et les réseaux sociaux, créer de nouveaux contacts, essayer de faire parler de mes livres…). Quand j’ai un job alimentaire en même temps, j’écris simplement quand je peux et que j’ai encore l’énergie ! Mais dans tous les cas, je n’ai pas l’habitude de me mettre la pression. Je ne suis pas quelqu’un qui aime la pression, sauf celle que l’on boit, et le stress me rend complètement inefficace. Même lorsque j’ai des délais à respecter, je vais me débrouiller pour prendre de l’avance et toujours avoir de la marge. Et quand je n’ai pas de délai ou d’obligation, je vais simplement écrire jusqu’à en avoir assez. En dehors de toute contrainte, ça veut dire des sessions d’écriture de 6-7 heures par jour. Quant au nombre de pages qui en résulte, il peut varier du simple au double selon la complexité des chapitres en question.

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(c) Image par Comfreak de Pixabay

Une fois que ma session d’écriture est finie, je coupe assez facilement et je passe à autre chose. Il m’arrive de penser à mon histoire en dehors de ces temps de travail, mais plus de la manière dont ça pouvait m’obséder lorsque j’étais plus jeune. Mes personnages vivent toujours dans un recoin de mon esprit, mais je n’ai aucun problème à éteindre mon ordinateur et à, par exemple, me plonger directement après dans le livre de quelqu’un d’autre. Il n’y a guère que lors de la rédaction de passages vraiment bouleversants que je peux avoir du mal à reprendre pied dans le monde réel. Il m’est déjà arrivé après la mort d’un personnage de mettre quelques heures à digérer en éprouvant des sentiments proches d’un véritable deuil (mais je vous rassure, bien plus éphémères). Dans ces cas-là, je vais en discuter avec mon compagnon et puis, très vite, tout va rentrer dans l’ordre.

Il y a une dernière chose dont je n’ai pas parlé, ce sont mes horaires de travail. Exit le mythe de l’écrivain insomniaque qui rédige sa prose pendant que tout le monde dort ! J’en connais qui fonctionnent comme ça, mais ce n’est pas du tout mon cas. Passé 20 heures, il ne faut plus rien attendre de moi, mon cerveau se met en mode relaxation. ^^ Je travaille en journée uniquement et, pour ainsi dire, à des horaires de bureau (8h30 – 17h30, eh oui). C’est ce qui me convient le mieux et c’est aussi ce qui fait qu’il est très difficile pour moi de combiner job alimentaire et écriture. Je ne suis pas un animal nocturne et j’ai une vie sociale et familiale qui est très importante à mes yeux et que je n’ai pas envie de laisser de côté.

Voilà pour ce qui est de mes rituels d’écriture ! Comme vous pouvez le voir, je suis quelqu’un d’assez structuré, bien loin de la vision romantique que certains peuvent avoir des auteurs. Je pense que, comme tout art, l’écriture demande avant tout une certaine discipline et un cadre défini (même si ce cadre est très variable selon les personnes). Mais je vous reparlerai de tout ça dans un prochain article. En attendant, bonne lecture ! 😉

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