Je poursuis mon exploration du genre SF avec un très sympathique roman de l’autrice Luce Basseterre. Paru à l’origine en 2017 aux Editions Le Peuple de Mü, le roman est ressorti chez Le Livre de Poche en 2019 et il est, bien sûr, toujours disponible dans ce format poche. Pour ne rien gâcher, cet ouvrage a connu une suite (ou plutôt une préquelle) parue en 2020 chez Mnémos et intitulée Le Chant des Fenjicks. Mais l’autrice nous en parlera elle-même dans l’interview qu’elle a bien voulu m’accorder et qui paraîtra la semaine prochaine ! En attendant, je vous invite d’ores et déjà à découvrir La débusqueuse de mondes.
La débusqueuse de mondes
Le résumé :
À bord de son cybersquale nommé Koba, D’Guéba, une créature aux allures de grenouille, parcourt l’espace à la recherche de planètes abandonnées qu’elle pourra terraformer puis revendre. D’Guéba est une experte, elle est débusqueuse de mondes.
Alors qu’elle explore l’un de ces mondes dans l’espoir de se l’approprier, D’Guéba fait la connaissance d’Otto, un Humain, seul survivant du crash du vaisseau dans lequel il était esclave pourvoyeur de rêves. Bavard, pot de colle et a priori doté d’une intelligence limitée, Otto s’invite à bord de Koba.
Alors que la batracienne a bel et bien l’intention de se débarrasser de ce passager gênant dans le spacioport où elle pense conclure une affaire, les évènements ne vont finalement pas se dérouler comme prévus…
Dans cette histoire narrée tour à tour par ses trois personnages principaux et non sans humour, Luce Basseterre nous emmène à la rencontre d’êtres étonnants et de mondes aussi riches que diversifiés.
L’extrait :
La sortie de l’hyperespace s’effectue comme prévu à proximité de l’étoile naine jaune, PK2 du fragment SW7ǷԊ, d’après la cartographie cosmique chaleck. Une joyeuse bourrasque de vent solaire m’accueille, ions et électrons se déchaînent sur mon derme en une douche revigorante. Un vrai délice. Même cyberamélioré, je n’en suis pas moins un Fenjick, un des derniers représentants d’une des rares espèces cosmiques. L’espace est mon milieu naturel, mon domaine, mon terrain de chasse. Quelques loopings, histoire de retrouver mes sensations, et je cale ma course sur celle d’une géante gazeuse. Il s’agit de m’assurer que personne d’autre ne croise dans le secteur. La population autochtone a disparu depuis longtemps, laissant le champ libre aux aventuriers. Tous ne s’avèrent pas d’honnêtes explorateurs ou débusqueurs de mondes. Flibustiers et pirates sont bien plus nombreux.
Mon avis :
En général, le space opera n’est pas un genre qui m’attire. En revanche, vous l’aurez peut-être compris au fil de mes chroniques, j’aime les livres qui proposent des points de vue inattendus et c’est le cas de celui-ci. L’histoire y est racontée à la première personne et tour à tour par chacun des trois protagonistes principaux. Un seul d’entre eux étant humain, cela donne déjà pas mal de sel au livre. L’humour est bien présent également, le ton est plutôt léger et on ne retrouve pas ce côté pompeux qui rend parfois la SF indigeste. On ne s’ennuie pas en lisant ce roman, on s’amuse, on s’émerveille, on découvre… et puis on réfléchit.
Luce Basseterre propose un univers riche et qui offre matière à réflexion sur plus d’un aspect. Si l’ensemble véhicule des valeurs humanistes (j’ignore quel est l’équivalent de ce terme pour des extraterrestres !) et se veut positif, voire même plutôt optimiste, cela n’empêche pas l’histoire de poser un certain nombre de questions éthiques, relayées par les questionnements ou expériences des personnages eux-mêmes. Ces derniers sont d’ailleurs très attachants, qu’ils soient humains ou non, et on prend plaisir à les suivre dans leurs pérégrinations. L’univers est riche, les différents mondes bien caractérisés et on aurait bien envie de les explorer davantage !
En résumé, je conseille ce roman assez court qui se dévore très agréablement et qui, je pense, devrait plaire à ceux qui connaissent bien la SF autant qu’à ceux qui, comme moi, la découvre encore !