Lecture – Délicieuse

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’un livre que je n’ai pas acheté, mais que j’ai lu grâce à la médiathèque de ma ville. On ne dit jamais assez de bien des médiathèques, qui sont absolument indispensables pour les boulimiques de lecture à petits moyens tels que moi. 😉 Je ne pourrais pas m’en passer, d’autant que c’est aussi l’occasion pour moi de me laisser guider et d’aller vers des livres pour lesquels je n’aurais pas forcément sorti mon porte-monnaie. Et clairement, dans ce cas précis, j’aurais eu tort. ^^

Marie Neuser était une autrice que je ne connaissais pas du tout, ni de près, ni de loin, mais son livre a été une si grosse claque que je ne résiste pas à la tentation de vous en parler. Ce roman intitulé Délicieuse a été édité en 2018 chez Fleuve Noir et a depuis été repris chez Pocket. Vous pouvez donc le trouver en version broché ou poche chez n’importe quel libraire.

Si vous voulez d’autres avis, je vous invite à jeter un œil à la page Babelio qui lui est consacrée. En attendant, voici le mien. 😉

marie neuser délicieuse

Délicieuse

Le résumé :

L’histoire commence ainsi : une femme parle à l’homme qu’elle aime.
Devant elle : les restes d’un repas.
Plutôt que le papier, elle a choisi l’écran.
À l’intimité d’une lettre, elle a préféré la vidéo et la multitude des réseaux sociaux.
Cette femme, c’est Martha Delombre, psychologue criminelle habituée aux confessions les plus abominables.
C’est désormais à son tour de se confesser. L’impudeur ? Peu lui importe, car tout le monde doit savoir. À commencer par lui. Le traître.
Peut-on dire adieu à vingt ans d’amour fou en succombant à la première inconnue qui passe ? C’est ce qu’il croyait. Au rythme des likes et des partages, traquant la fréquence des connexions, scrutant le pouls des commentaires, Martha la ténébreuse se montrera prête à tout pour continuer d’exister sans baisser la garde, jusqu’au point de rupture. Celui qu’on n’attendait pas et qui a le pouvoir de redistribuer les cartes.

L’extrait :

Martha, il faut que je te parle.
Des mots qui se sont imposés avec une étrange gravité. Je n’étais pas habituée à un ton aussi solennel de ta part. Tu as toujours eu la dérision à la bouche, cette bonne humeur placide même dans les moments délicats. Avec toi, jamais de dramatisation, et surtout, jamais de cérémoniaux quand bien même il te fallait annoncer des choses importantes. Tes choix de vie, tes décisions professionnelles que tu avais peur que je n’approuve pas, tu me les servais d’habitude les yeux brillants d’excitation, avide d’entendre mon opinion. Même les deuils, les agonies d’êtres chers, tu les avais traversés avec une sombre dignité, campé sur deux jambes vigoureuses comme se tient un marin contemplant son épave. A peine te refermais-tu, cherchais-tu dans mon regard la certitude que j’étais bien là, et ma main dans le noir. Qu’as-tu donc ce soir de si lourd à me dire ? Tu as prononcé la phrase sibylline – Martha, il faut que je te parle – les yeux errants, le geste flou, les coins de la bouche contractés, puis relâchés le temps d’une brève et amère grimace.

Mon avis :

De prime abord, Délicieuse traite d’un sujet très classique qui n’est pas forcément ma tasse de thé : l’explosion d’un couple après vingt ans de mariage, lorsque monsieur décide de partir avec une femme plus jeune. On dirait le début d’une de ces romances gnan gnan où madame cherche comment reconstruire sa vie (et termine avec son prof de yoga, son médecin ou que sais-je encore). Eh bien pas du tout. Délicieuse n’a rien d’une romance, c’est une vivisection, celle de la narratrice, Martha, et celle de son couple, de ses fonctionnements, de sa déliquescence. Ce qu’elle éprouve en découvrant la trahison de son mari est si bien détaillé qu’il est impossible de rester indifférent à sa souffrance. Cette douleur suinte dans chaque phrase, elle vous habite à la lecture et, quand vous êtes aussi empathique que moi, elle vous dévore par son réalisme.

D’une histoire tellement banale et courante, Marie Neuser tire un portrait psychologique époustouflant de précision et de subtilité, d’une crédibilité si totale qu’elle en devient cruelle. Toute la première moitié du roman, qui décrit l’annonce de l’époux, les premières réactions de Martha, leur séparation, est d’une grande force grâce à son réalisme. Puis le livre bascule peu à peu vers quelque chose de plus sombre et enterre définitivement l’histoire ordinaire à laquelle on s’attendait.

Je ne ferai pas trop de commentaire sur ce basculement pour éviter de trop en dire. Il n’est pas totalement imprévisible et même si, pour moi, il est un peu moins crédible que le reste, il demeure tellement bien écrit qu’on reste scotché jusqu’au bout.

Au passage, Marie Neuser nous parle des réseaux sociaux, de ce qu’on y dévoile de notre vie personnelle, des relations étranges qui s’y tissent. A mon sens, c’est loin d’être le propos principal du livre, mais son approche n’en reste pas moins aiguisée et chacune des réflexions de Martha sur le sujet frappe juste.

Toutefois, plus que ces propos sur Facebook, plus que la fin plus ou moins inattendue, ce que je retiens de ce livre, c’est le raffinement dans la description des sentiments et du couple (ordinaire pourtant !), la mise à nu totale de cette femme, un portrait psychologique si fouillé que Martha en devient presque réelle. C’est un assez gros bouquin et j’ai pu lire ailleurs que certains l’avaient trouvé trop long, mais en ce qui me concerne, je n’arrivais pas à le lâcher, captivée, et il reste parmi mes lectures les plus marquantes de ces derniers mois. Je le recommande !

Avez-vous lu ce livre ? Si oui, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire ! 😉

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