Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler aujourd’hui d’un thriller, Le Cavalier du Septième Jour de Serge Brussolo, paru chez H&O Editions directement en format poche (et donc à prix mini !). Est-il bien utile de présenter Serge Brussolo, prolifique auteur français, monument des littératures de l’imaginaire qui a également touché au roman historique et, bien sûr, au thriller ? C’est un auteur que j’ai beaucoup lu au début des années 2000 et dont ce roman, paru en avril 2021, m’a donné envie de redécouvrir l’œuvre ! Pour ne rien gâcher, Serge Brussolo m’a fait l’immense plaisir d’accepter de répondre à quelques questions et vous retrouverez son interview dès la semaine prochaine sur ce blog. Mais pour le moment, place à cet étrange cavalier… 🙂
Le Cavalier du Septième Jour
Le résumé :
À Pueblo Quito, une localité frontalière du sud des États-Unis, une communauté défavorisée survit grâce aux retombées du commerce de la drogue. C’est également là qu’ont échoué nombre d’individus au passé tragique.
À Pueblo Quito, tout le monde a quelque chose à cacher : crimes, trahisons, rêves absurdes, fantasmes sulfureux… Tout le monde a l’habitude de regarder anxieusement par-dessus son épaule pour vérifier que personne ne l’a pris en filature.
Dans ce creuset en ébullition s’agite une population hantée par des peurs irrationnelles, notamment la légende du Cavalier du Septième Jour, personnage mythique qui, chevauchant à la tête d’une horde de mustangs déchaînés, viendra un jour punir les pécheurs en les piétinant jusqu’au dernier.
Une légende ? Vraiment ?
Dans ce nouveau thriller, Serge Brussolo ne laisse pas une minute de répit à son lecteur.
L’extrait :
Maggie se penche au-dessus de l’eau. Au-dessus de la noyée. Car le corps d’une vieille femme inconnue gît au fond du lac, les yeux grands ouverts tournés vers le ciel.
Maggie a l’impression que la morte la fixe avec une étrange intensité, comme si elle essayait de communiquer par télépathie, ou encore de l’hypnotiser. C’est dérangeant… un peu effrayant même. Elle ne sait quelle attitude adopter. Il lui semble qu’elle connaît cette femme. Vaguement. Peut-être l’a-t-elle croisée à la cantina ? Ou bien occupe-t-elle un camping-car au camp de trailing voisin? Ça n’a rien d’impossible car Maggie est fort peu physionomiste. Un médecin lui a patiemment expliqué que ce « défaut » résulte de l’atrophie d’une certaine glande située dans le cerveau, mais elle a oublié laquelle.
Maggie oublie beaucoup de choses… et en invente tout autant, car c’est le seul moyen qu’elle a trouvé pour combler les trous de sa mémoire mangée aux mites.
Mon avis :
Si vous aimez les romans qui se déroulent dans un décor texan hanté de légendes étranges, les personnages déglingués au passé trouble et les thrillers où tout s’enchaîne implacablement jusqu’à une explosion finale, alors Le Cavalier du Septième Jour est pour vous. 🙂
Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il s’agit du meilleur livre de Serge Brussolo dont j’admire beaucoup l’imagination baroque et la façon singulière de mélanger les genres, mais c’est un bon cru et on ne s’ennuie pas en le lisant. Si la première partie met en place de nombreux éléments et nous décrit les parcours (décalés et inquiétants) de certains protagonistes, on assiste ensuite à un enchaînement d’évènements jusqu’à un final tendu et surprenant.
Sans jamais basculer complètement dans le fantastique, Serge Brussolo flirte avec les limites de l’étrange et c’est ce qui donne toute sa saveur à son thriller. De la légende du fameux Cavalier du Septième Jour jusqu’au don surprenant d’un des personnages principaux en passant par la métamorphose physique d’un autre ou l’angoissante organisation criminelle qui tire les ficelles, le bizarre est toujours présent sans que l’on quitte le réel une seconde. Cette manière subtile d’introduire une forme de surréalisme fait partie des choses que j’ai beaucoup appréciées dans le roman. Pas besoin de grands effets pour obtenir ce sentiment d’étrangeté, Serge Brussolo se contente de décaler légèrement notre regard et soudain tout prend une autre allure, sombre, captivante.
L’autre grand intérêt du livre, ce sont les personnages, tous bien construits et travaillés en profondeur, originaux et souvent surprenants. C’est une évidence, mais elle se confirme ici : Serge Brussolo sait poser un décor original et y implanter des personnages dont on observe la psyché et les comportements avec fascination. J’aime également sa façon de leur construire un passé à la fois complexe et très révélateur.
Sur le plan de l’écriture en elle-même, pour ceux qui ne connaissent pas Serge Brussolo, sachez qu’il se lit très facilement grâce à un style efficace et prenant. Ce grand conteur n’a aucun mal à nous entraîner dans son univers et on se laisse embarquer avec plaisir, d’autant que le tout est bien rythmé.
Et vous ? Avez-vous lu ce roman ? Qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à donner votre avis en commentaire ! 🙂